Pour l'enfer tapez 1
Avez-vous déjà déménagé ?
Changé d'opérateur, tenté d'appeler la sécu/l'ANPE/SNCF ?
Vous êtes-vous heurté au kafkaïen répondeur "si vous voulez parler à un opérateur, tapez 12" ?
Je voulais simplement assurer une maison -que je n'ai pas encore- pour pouvoir partir avec les clés le jour de la signature. Peut-être eussé-je du (réhabilitons donc ce bon vieux conditionnel passé 2ème forme, ça donne un rien de distinction à une phrase hyper-banale) choisir un autre jour, celui-ci ayant déjà mal démarré...
Jour néfaste, perdu, contre-productif, jour où tout part de travers, jour de disgrâce capillaire (quoiqu'on fasse, ça ne ressemble à RIEN)(on met du gel, on met du gel, mais décidément ça ne ressemble à RIEN) (il faut enfin se résoudre à se re-laver les cheveux), jour de conspiration des ustensiles de cuisine et de tout objet potentiellement renversable/cassable/débordable.
J'ai quand même téléphoné. Je pensais naïvement que c'était simple et rapide, d'assurer une maison. Après l'inévitable boîte vocale me demandant de patienter, la dame (une vraie) au bout du fil est d'un abord plutôt sympathique, malgré sa voix d'hôtesse de l'air et cette désagréable façon de terminer ses phrases par un aigu ascendant assez irritant ("vous avez réflèèèchiiiiiii ?").
45 minutes. 45 minutes de choix à faire au téléphone, je vous assure qu'un jour de disgrâce capillaire, c'est insoutenable.
Déterminons par exemple le nombre de pièces : il ne faut pas compter la cuisine mais compter le grenier, en sachant que si le salon fait plus de 40m², c'est une pièce et non un rattachement de la salle à manger et que "si la buanderie est un couloir ce n'est pas une pièce" (!!!)
Je vous passe le détail des options d'assurance, sachez seulement que les montants compensatoires, à côté, c'est du Coelho.
Cette délicieuse conversation s'achèvera par une évocation discrète du Destin commun, insondable et métaphysique : "Bon, et sinon, vous avez une assurance vie ?".