Les pigeons se cachent pour pleurer
T'en souvient-il, vieux lecteur, - mon semblable, - mon frère ! je te causai naguère de mon indifférence caractérisée pour la poule... Je complète aujourd'hui l'aveu d'hier : ce manque d'intérêt s'étend à toute l'espèce volatile.
L'oiseau, hormis confit, je m'en bats l'oeil.
Tu t'étonneras avec moi, donc, de cette anecdote personnelle...
En face de mon logis, se dresse une maison abandonnée, noire et flippante, dont le grenier accueille un couple de pigeon, le pire des oiseaux, le rat à plume dégénéré, doté d'à peu près autant de neurone que la boulangère (sauf que lui ne dit pas "bonjoureuh" et c'est déjà un bon point).
Moi les pigeons je les aime beaucoup aux petits pois.
Et bien pendant mes longues heures de gestation allongée, je me suis prise à les observer, à les guetter, puis même les attendre... C'est finalement joli ce petit reflet verdâtre sur leur robe grise... Comment reconnait-on la femelle du mâle ?
Ils ont pondu, Madame couve de concert et me voilà leur donnant du "mes pigeons".
Au matin je m'émeus d'une petite tête ébouriffée à la fenêtre en face...
Le matin d'après, il n'en reste qu'un petit tas de plume au bas de la maison. ("Cassé oiseau" dira Pitou)
Le couple n'a pas reparu pendant des jours. Et ben j'en ai chialé, vieux lecteur, de ce deuil volatile et muet.
Vous croyez que les hormones ça rend assez con pour en arriver à s'identifier à des pigeons ou je prends simplement de l'âge ?